Non ! cette évasion ne date pas de février, mais de la semaine
dernière. J'ai délaissé Stoff, ses brumes et ses neiges tardives pour
Djerba la douce et l'ensoleillée. Le voyage n'est pas très long depuis
Lyon et l'on peut, à l'aller comme au retour, admirer les Alpes, la
Corse et la Sardaigne si l'on a la chance de siéger près d'un hublot...
Le
logis de Djerba, un joli menzel conçu pour les vacances, doit se
gagner... Situé à Aghir, peu après Midoun, dans une palmeraie, il faut
en ouvrir les multiples portes (le saint Pierre du lieu, mon frère, est
muni d'un trousseau comptant pas moins de 20 clefs !), en dégager les
coussins, tapis, vaisselle de leur gangues plastiques, balayer le sable
que le vent fripon pousse sous portes et fenêtres et seulement alors,
youpie l'oisiveté peut commencer !
mmmh ! joli !
mmmh ! mais où il est le palmier ???... Là
> !
mmmh ! joli aussi à l'intérieur !
Enfin, pas tout à fait, car la nuit tombe et nous devons nous
sustenter ! nous sommes sept : quatre dans la voiture de location et
trois qui se dévouent pour le taxi. Les voilà partis dans la pampa,
avec leurs frontales à la recherche du carosse ! "Mission impossible"
pensais-je ! mais non... Rapidement, les voilà arrivés le long d'une
route civilisée et embarqués pour Midoun !
Ce qui nous parut un
temps mission impossible ce fut de trouver où manger car les
restaurants s'étaient tous donné le même mot : relâche !... Enfin nous fûmes
sauvés et avons terminé la soirée en dégustant des délices : michouïa,
poulpes et chevrettes (ah ! ah ! vous vous demandez de quoi il s'agit ! eh bien tout bonnement de grosses crevettes!) et de l'agneau de Djerba.
Le lendemain aux aubettes, il nous faut remplir le frigo et nous
voilà partis aux souks ! là je découvre les deux types de vacanciers de
notre groupe familial : les fusées, qui foncent droit au but derrière
leur chef de file et les petites vitesses, qui nez au vent hument les
délicieuses odeurs d'épices, s'attardent à regarder les amoncellements
colorés de toutes sortes de denrées, discutent avec les autochtones qui
gentiment essaient de les piéger par des propositions un peu usagées...
Et puis il y a les "entre les deux" qui naviguent tantôt devant, tantôt
derrière et maintiennent le lien et la cohésion !
Nous remplissons
nos couffas de magnifiques légumes, fruits et de poissons frais
péchés... Les courses aux souks seront l'une de nos principales sources
de distractions. les étoffes tissées localement sont très belles, le
travail du cuir et des poteries également. Nous irons d'ailleurs
visiter l'atelier de Lazare (le potier philosophe) à Guellala. Jolie
balade qui nous fera découvrir des palmeraies encore sauvages au bord
de la mer, encore sauvages c'est à dire non colonisées par le béton...
Nous ne partirons pas sans avoir fait une virée autour de Tataouine
! et oui ! la ville existe nous avons visité son souk qui regorgeait
d'amoncellements de légumes sur des charettes et d'un marché
d'artisanat tunisien interessant ! les cornes de gazelle étaient
délicieuses. Partis en 4x4, nous avons visité différents lieux très
anciens... Le premier, le grenier de Zoltan, vieux d'au moins 700 ans,
est impressionant de beauté et d'élégance de construction : les
cellules des greniers s'égrennent et s'étagent sans doute au fur et à
mesure des besoins des bèrbères nomades qui ont conçu cet astucieux
moyen de conserver leurs provisions durant leurs périples. Ce grenier
est classé au patrimoine de l'humanité. Ensuite, nous nous baladons à
Douiret, village troglodyte abandonné mais dont certaines constructions
se restaurent. Et puis nous voici à Chenini, autre village troglodyte.
Là nous mangeons dans une des maisons réhabilitée et transformée en
restaurant : la vue à partir des terrasses où nous prenons notre thé à
la menthe est magnifique. Notre derniere escapade sera pour la mosquée
des sept dormants. Notre guide nous explique la légende mais je
m'endors avant la fin : le conte de la "belle au bois dormant" est
nettement plus pittoresque et pétillant !
Une vue parcellaire des greniers de Zoltan
A Douiret
Le minaret penché de la mosquée des sept dormants !
Et puis, il y a une fin à tout, une semaine après notre arrivée, il
nous fallut tout remballer dans les plastiques, calfeutrer portes et
fenêtres, refermer la maison et rentrer dans nos contrées nuageuses et
un peu fraîches avec au coeur la rémanence de douces et tranquilles
journées au bord de la piscine ou de périples divers, des dromadaires paisibles et des fins chevaux, des oliviers millénaires et des charettes bleues, des petits troupeaux de chèvres et moutons dont on se demande de quoi il se nourrissent ! quelle bonne
idée cette maison les Lele !
Mon haïku djerbien :
Blanche et bleue / oliviers millénaires / Djerba la douce
Votre scribe